Surprenant, n’est-ce pas ? Alors que m’est offerte la plaisante occasion d’exposer mes créations, voilà que m’assaille le souvenir d’un regret de jeunesse.

Arrivé à Paris en 1964, jeune bachelier appelé aux études médicales par le souhait familial, j’entends parler d’une école de cinéma parisienne nommée IDHEC, institut des hautes études cinématographiques. Ma passion cinéphile m’emporte : le cinéma, cette fascinante fenêtre sur le vaste monde offerte au regard curieux d’un petit lycéen moyen-oriental, le cinéma sera mon métier.

Mais, effectivement admis à l’IDHEC , je découvre vite que l’apprentissage des métiers du cinéma impose à ma vie quotidienne un scénario si rigoureux qu’il ferme la porte à toutes les tentations qui habitent légitimement les rêves de tout jeune étudiant étranger débarquant à Paris.

Insoutenable légèreté de l’être …

Volumes, formes et couleurs ont toujours dominé ma perception de la vie. Volumes, formes et couleurs créent un alphabet qu’il m’est possible de lire et d’interpréter. Or, dans le monde de mon adolescence, l’écrit est aussi une image : dans la calligraphie, plaisir des yeux, les lettres se mêlent, s’animent, dansent et prennent véritablement corps. C’est le moteur de mon inspiration : La lettre est ma muse.

D’où, sans doute, mon choix professionnel du monde de l’édition et de la chose imprimée. J’en ai acquis les techniques, apprivoisé les encres, caressé les majuscules et les minuscules, habillé du papier de tout grammage. Je m’en suis fait mon cinéma.

fawaz sabbagh